( 1805-1859 )
Dans une Europe livrée depuis quarante ans aux orages politiques soulevés par la Révolution française, Tocqueville apparaît comme la conscience du milieu du siècle. Avec une lucidité qui, aujourd'hui encore, nous étonne, il fait le point pour comprendre, et non pour juger, une force dont chacun pressentait, pour s'en réjouir ou s'en alarmer, qu'elle allait changer la face du monde. Cette force, c'est l'idée démocratique. Certes, elle n'était pas ignorée. Dans la lignée de Bonald ou de Maistre, les nostalgiques de l'Ancien Régime y voyaient l'incarnation du mal. Mais ceux-là mêmes qu'à l'époque on considérait comme des libéraux parce qu'ils acceptaient la Révolution, Benjamin Constant, Guizot, Royer-Collard, s'efforçaient, par des artifices maladroits, d'en contenir les conséquences. Conscients de l'impossibilité d'annihiler le grand espoir né en 1789, ils visaient à en éluder la réalisation. Ils tentaient de dévier le courant démocratique vers des parodies de gouvernements libres où la volonté du peuple ne peut se reconnaître que traquée, divisée, affaiblie.
Or, voici qu'un jeune homme, la veille presque inconnu, lance comme un brûlot, dans ce milieu d'esprits étriqués et retors, un livre consacré à la démocratie, qui n'est ni un pamphlet, ni une utopie, ni un appel à l'insurrection. En 1835, lorsque parurent les deux premiers volumes de La Démocratie en Amérique, que voyait-on dans la démocratie ? Pour les uns, une formule irréalisable, bonne tout au plus à servir de repoussoir à un régime fondé sur la raison ; pour les autres, le drapeau d'une agitation permanente, inapte par conséquent à être l'emblème d'une organisation politique stable. Tocqueville ne s'immisce pas dans ce débat, car, pour lui, il ne s'agit plus de discuter des préférences, mais de constater comme un fait inéluctable l'avènement de la démocratie. Ce fait, il l'a enregistré aux États-Unis, et c'est à raison de la pertinence de ses observations que les sociologues se flattent de le compter parmi l'un des plus grands d'entre eux. Mais ce fait a été aussi l'objet de ses méditations. À ce titre, il apparaît à côté de Montesquieu comme le premier des moralistes politiques français. Moraliste, c'est bien d'ailleurs ce que Tocqueville voulut être. Parti en Amérique avec son ami Gustave de Beaumont, magistrat comme lui, pour y étudier le régime pénitentiaire Tocqueville comprit que quelle que soit la richesse des observations accumulées durant un séjour de moins d'un an, il serait présomptueux de sa part de prétendre offrir aux lecteurs un tableau exhaustif du Nouveau Monde. Le sujet du livre serait donc la démocratie, l'expérience américaine n'intervenant que pour fournir à la réflexion les données sans lesquelles elle n'eût abouti qu'à une théorie désincarnée. Aussi bien la deuxième partie de l'ouvrage, publiée en 1840, accuse-t-elle ce souci de s'élever aux idées générales dans les chapitres véritablement prophétiques où Tocqueville étudie « l'influence qu'exercent les idées et les sentiments démocratiques sur la société politique ».
Le succès de l'œuvre fut immense. Élu à l'Académie des sciences morales et politiques en 1838, à l'Académie française en 1841 alors qu'il n'avait que trente-six ans, l'auteur reçut la consécration d'une opinion unanime qui sut reconnaître que « jamais esprit de première valeur [...] n'avait médité avec autant de gravité et de lucidité le problème – de plus en plus ardu, à mesure que se compliquent les sociétés – de gouverner les hommes pour le bonheur du plus grand nombre sans les asservir ni les avilir » (J. J. Chevallier). Les Américains eux-mêmes lui furent reconnaissants de leur avoir révélé l'esprit et les ressorts de leurs institutions. Il n'est pas difficile de déceler, chez Tocqueville, l'intention d'instruire les gouvernants de la France. S'il a écrit un livre, ce n'est pas seulement pour satisfaire une légitime curiosité, c'est « pour y trouver des enseignements dont nous puissions profiter ». Or cette leçon, ce n'est pas d'institutions toujours contingentes et maladroites qu'il y a lieu de la tirer, c'est d'un fait qui domine l'histoire : l'égalisation des conditions. « Fait providentiel, il en a les principaux caractères, il est universel, il est durable, il échappe chaque jour à la puissance humaine ; tous les événements comme tous les hommes servent à son développement. Serait-il sage de croire qu'un mouvement social qui vient de si loin pourra être suspendu par les efforts d'une génération ? Pense-t-on qu'après avoir détruit la féodalité et vaincu les rois la démocratie reculera devant les bourgeois et les riches ? S'arrêtera-t-elle maintenant qu'elle est devenue si forte et ses adversaires si faibles ? » (La Démocratie en Amérique, « Introduction »). Il n'y faut pas penser, car ce serait aller contre Dieu lui-même. Mais on peut du moins chercher comment tirer profit de ce qu'il y a de bon dans l'égalité des conditions.
Recherche nécessaire, car nous nous engageons dans la démocratie sans exploiter ce qu'« elle pourrait offrir d'utile ». Bien au contraire, nous en aggravons les tares. Alors que la division des fortunes, en diminuant la distance qui sépare le pauvre et le riche, aurait dû les rapprocher, elle ne leur fournit que « des raisons nouvelles de se haïr ». L'idée de droits communs à tous, que l'égalité devrait fortifier, est brimée par la force, qui apparaît au riche comme au pauvre « la seule raison du présent et l'unique garantie de l'avenir ». Est-il fatal qu'il en soit ainsi ? Tocqueville trouve aux États-Unis des motifs de le croire, mais aussi des raisons d'espérer que la morale et les mœurs l'emporteront sur la malignité des hommes.
Les risques de la démocratie
Dans une lettre du 21 février 1835 à son ami Eugène Stoffels, Tocqueville expose l'enseignement général qu'il croit pouvoir dégager de son expérience américaine. De ce qu'est réellement aujourd'hui un peuple démocratique, adversaires et partisans de la démocratie ont une leçon à recevoir. Aux premiers qui croient qu'elle est synonyme de bouleversement, d'anarchie, de spoliation, de guerre civile, les États-Unis apprendront qu'un gouvernement démocratique peut respecter les fortunes, garantir les droits, épargner la liberté, honorer les croyances. Et si la volonté de Dieu n'est pas de réserver une grande somme de félicité à quelques-uns ni de justifier la maxime : Humanum paucis vivit genus (« Le genre humain vit de peu »), mais « de répandre un bonheur médiocre sur la totalité des hommes », l'exemple américain démontre que la démocratie est parfaitement qualifiée pour atteindre ce but. À ses partisans qui y voient un régime généreux et facile, le même exemple apprendra que le gouvernement démocratique n'est pas exempt de risques et qu'en tout cas « il ne peut se soutenir que moyennant certaines conditions de lumières, de moralité privée, de croyances ». Au reste, dit Tocqueville, il n'est plus temps de délibérer ; la société s'oriente vers l'égalité des conditions et dans cette marche irréversible s'annonce le règne universel de la démocratie. La question n'est donc pas de savoir si l'on doit choisir entre l'aristocratie et la démocratie, mais si l'on peut maintenir la démocratie dans l'ordre et la moralité ou s'il faut se résoudre à accepter une société démocratique « désordonnée et dépravée, livrée à des fureurs frénétiques ou courbée sous un joug plus lourd que tous ceux qui ont pesé sur les hommes depuis la chute de l'Empire romain ».
Dans l'évocation des périls qui menacent la démocratie, on se plaît aujourd'hui à admirer le prophétisme de Tocqueville. Il ne s'agit pas cependant de l'exercice d'un don de visionnaire ; c'est d'une analyse sociologique du mouvement démocratique et d'une prise de conscience des deux forces qui l'animent, liberté et égalité, que l'auteur de La Démocratie en Amérique a pu dégager les formes possibles qui s'offraient, pour l'avenir, à la démocratie naissante. Le conflit entre la liberté et l'égalité n'est certes pas logiquement inévitable, mais il semble qu'une fatalité inéluctable le provoque dans les faits. Tocqueville observe que les hommes recherchent la liberté pour échapper aux inégalités que créent les rapports de dépendance, mais qu'à peine ont-ils renversé une tyrannie ils se trouvent menacés par une autre qui, cette fois, procède de leur propre consentement. En effet, l'égalisation des conditions, que les hommes ont entreprise par leur révolte contre le despotisme politique, s'accentue chaque jour du fait de la démocratisation des mœurs inhérente au développement de la civilisation industrielle. Sans doute les individus trouveront-ils dans cette égalité, qui les rend indépendants les uns des autres, le goût de la liberté politique, mais cette liberté s'exprimera dans une volonté commune, source d'une législation uniforme et d'autant plus pesante qu'elle sera sanctionnée par la puissance du groupe tout entier. La tyrannie des assemblées naîtra ainsi du désir des individus de s'en remettre au pouvoir collectif du soin de sauvegarder l'égalité. De la liberté politique peut donc naître une servitude consentie, cette servitude qui est celle de l'individu étouffé par la masse qui l'absorbe. Le pouvoir protecteur s'étend pour mieux protéger ; sa centralisation oppressive n'est que la conséquence des espérances mises en lui comme pourvoyeur d'égalité. Il faut relire les chapitres par lesquels s'achève La Démocratie en Amérique (cf. notamment le chapitrevi de la quatrième partie : « Quelle espèce de despotisme les nations démocratiques ont à craindre ») pour admirer la précision avec laquelle Tocqueville décrit – sans lui donner un nom car, dit-il, despotisme ni tyrannie ne conviennent à ce régime nouveau – l'appareil politique « absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux » qui, sous le couvert du règne de la volonté populaire, bannit toute liberté. Ce n'est pas l'État totalitaire si l'on retient de ce terme ce qu'il sous-entend de brutalité, de misère et de cynisme..., mais c'est peut-être pire : un État où il n'est même plus nécessaire d'opprimer la liberté puisque les hommes ont perdu jusqu'au désir d'être libres. C'est un despotisme qui « dégrade les hommes sans les tourmenter » ; c'est cette servitude dont Vauvenargues disait déjà qu'« elle avilit l'homme au point de s'en faire aimer ».
Avec l’oeuvre de Tocqueville nous allons aborder la partie du cours qui s’appelle “ la politique “. S’entendre sur la définition de la notion. Au sens ordinaire, la politique, ce sont les hommes politiques, les partis, les luttes pour la conquête du pouvoir, les campagnes électorales et les diverses élections.
En philosophie, il s’agit bien plus que de cela.
Il s’agit d’une des dimensions essentielles de notre condition, étant donné qu’Aristote a défini l’homme comme l’animal politique par excellence.
Politique :
Conséquence évidente : la cité (polis) est au nombre des êtres par nature, et l’homme est par nature un animal politique, celui que la nature et non le sort prive de cité étant ou dégradé ou supérieur à l’homme...
C’est pourquoi l’homme est plus politique que n’importe quelle abeille ou tout autre animal grégaire : telle est l’évidence. C’est que la nature, comme nous disons, ne fait rien en vain. Seul parmi les animaux l’homme possède le langage (logos). Or, si la voix (phonê) est le signe du pénible et de l’agréable (elle existe également chez d’autres animaux; leur nature s’étendant jusqu’à la possession de la sensation du pénible et de l’agréable, et jusqu’à la signification de ces états à leurs congénères). Le langage a pour fin la manifestation de l’utile et du nuisible, comme du juste et de l’injuste. C’est que par rapport au reste des animaux, les hommes ont pour particularité d’être les seuls à posséder la sensation du bien et du mal, du juste et de l’injuste.
La politique est l’art ou la science de l’organisation de la vie collective des hommes. Il n’y a pas d’organisation naturelle de la vie collective chez les hommes, à la différence des abeilles ou des fourmis et nous devons donc l’inventer.
La politique n’est pas simplement fonctionnelle, c’est-à-dire qu’elle ne vise pas simplement à l’efficacité mais elle vise des valeurs : la liberté, la justice, le bien-être ou la paix. Autrement dit, elle a une dimension morale. Aristote disait que la Cité était en vue du bien vivre et pas simplement du vivre.
Donc la politique s’exerce toujours au nom de principes philosophiques.
Qui dit politique dit également pouvoir. Deux notions : potentia et potestas. La première veut dire la capacité de ( j’ai le pouvoir de courir le 100 mètres en dix secondes ) la seconde veut dire une relation entre les hommes, relation de commandement à obéissance.
Le pouvoir peut prendre différentes formes et s’exercer par différents moyens : la force ou la terreur, la contrainte, ou la persuasion ou l’acceptation. Le pouvoir peut être légitime ou illégitime. Plus personne aujourd’hui n’admettrait la notion de “ droit divin “ des rois.
Toute société où les hommes sont liés par un vivre ensemble suppose la présence d’un tel pouvoir ou d’une puissance capable d’organiser cette collectivité pour lui donner un ordre et une cohésion, pour la défendre vis-à-vis de l’extérieur et pour y instaurer la paix civile et la justice.
Dans les sociétés modernes, le pouvoir politique prend la forme de l’Etat disposant d’un certain nombre de monopoles ( expliquer rapidement )
Cela intéresse la philosophie parce qu’il s’agit de concilier le pouvoir nécessaire à l’organisation de la société et la liberté politique de façon à éviter les abus de pouvoir, despotisme et tyrannie. Comment y parvenir ?
On s’intéresse donc à l’organisation du pouvoir : comment l’Etat doit-il être organisé, quelles fins faut-il lui assigner. Mais aussi aux limites du pouvoir. La loi et le Droit sont sans doite un moyen d’échapper à un pouvoir arbitraire.
La politique a sans doute des finalités morales : justice, paix, liberté mais elle est organisée autour de catégories qui lui sont propres. Pour la morale, c’est le bien et le mal. Pour la politique ce sont des couples de notions comme public/privé, autorité/obéissance, ami/ennemi.
Page 9 T parle de ce qui l’a le plus frappé en Amérique : l’égalité des conditions.
Avant de voir ce que T veut dire par là, insister sur l’importance de la notion d’égalité en philosophie politique.
Notion d’égalité indissociable de celle de démocratie. Platon, dès l’antiquité parlait des partisans de la démocratie comme des “ amis de l’égalité “.
Le démocrate c’est celui pour qui la justice soit pensée selon une norme d’égalité. C’est le principe d’isonomie : principe de loi égale.
Problème :
Que faut-il entendre par égalité ? Que la même chose, par exemple les mêmes biens ou les mêmes pouvoirs soient attribués à chacun ? Ou alors que l’on donne à chacun ce qui lui convient et ce qu’il mérite ?
Débat qui commence avec la démocratie grecque. Platon condamnera l’égalité arithmétique, celle qui dit qu’il faut donner à tous le même. Il fera l’éloge de l’égalité géométrique disant qu’il faut établir des proportions et donner à chacun ce qui lui revient. Si les hommes sont inégaux en nature, en intelligence, en talent, faut-il leur donner les mêmes droits par exemple ?
D’autre part, l’égalité démocratique doit-elle consister à donner à chacun les mêmes biens ou à donner à chacun les mêmes pouvoirs dans la constitution de la cité ? Distinction entre égalité sociale/économique et égalité politique.
T lui croit constater une égalité des conditions ( ne tient pas compte de l’existence de l’esclavage qui ne sera interdit aux USA qu’en 1865 par le 13ème amendement de la constitution )
Egalité qui a plusieurs sens :
économique : il y a encore des riches et des pauvres mais formation d’une classe moyenne de plus en plus importante composée de personnes qui vivent de leur salaire ou de leurs revenus tirés du commence ou de l’industrie. Le droit de propriété est garanti par la loi et il y a possibilité de s’enrichir par son travail.
social : reconnaissance de l’égale dignité de tous les hommes et de l’égale dignité de toutes les occupations. T fera remarquer qu’être domestique en Amérique est une activité salariée comme une autre et n’implique aucune forme d’abaissement social ou de mépris. La plupart des hommes vivent de leur salaire.
Politique : égalité des droits et instauration du suffrage universel. C’est l’isonomie des anciens qui veut dire deux choses : égalité devant l’application de la loi ; pouvoir égal de prendre des décisions et de faire partie du souverain. Pour les Grecs, l’isonomie entraînait l’isègoria, qui était l’égalité de prise de parole devant l’assemblée.
Influence à tous les niveaux de l’égalité des conditions :
Sur l’esprit public : formation d’une opinion publique concernée par les problèmes de la cité et qui intervient dans les débats politiques. Importance de la presse pour la diffusion de ces débats. Inégalités sociales perçues comme de plus en plus insupportables. T : plus les inégalités s’effacent, plus elles deviennent insupportables aux hommes.
Sur les lois : égalité des droits, suffrage universel. Exigences de n’obéir qu’à des lois votées et contrôlées par le peuple et visant le bien commun ou l’intérêt général. Postulat d’un intérêt général au-delà de l’intérêt particulier. Prendre l’exemple d’une école publique financée par l’impôt de tous.
Sur les gouvernants : exigence qu’ils agissent au nom et en vue de l’intérêt général, qu’ils soient attentifs à l’opinion publique. En démocratie, impossibilité de gouverner contre l’opinion publique.
Sur les habitudes particulières des gouvernés : revendications populaires de formes de plus en plus nombreuses d’égalité. Habitude de voir ses réclamations entendues par les gouvernements. Reconnaissance comme lois légitimes que celles auxquelles on a pu consentir, par le vote.
Influence également sur la société civile. Expliquer la notion en la distinguant de l’Etat. La société civile c’est l’ensemble des relations spontanées entre les membres de la société, à travers le travail, les échanges économiques, les relations familiales et le choix de ses occupations privées. C’est tout ce qui ne relève pas de l’organisation étatique. Par exemple , une ONG qui est crée par des initiatives privées relève de la société civile, alors que la sécurité sociale relève de l’Etat.
Donc, l’égalité des conditions crée des opinions nouvelles : celle de l’égale valeur entre tous les hommes. Le refus de l’idée aristocratique de privilège. Le refus de toute forme d’inégalité sociale qui ne serait pas fondée sur le travail, le talent ou le mérite.
Elle modifie aussi les moeurs : en faisant considérer les hommes comme d’égale valeur, elle adoucit les moeurs et les comportements. À l’opposé, Mme de Sévigné pouvait rire au spectacle de la pendaison d’un de ses paysans.
Egalité des conditions comme fait générateur : c’est un grand trait qui modifie en profondeur la vie des sociétés, de la politique et crée une nouvelle forme de civilisation, avec de nouvelles valeurs. Disparition par exemple de la notion d’honneur, typique des civilisations aristocratiques.
Mouvement qui part d’Amérique et va s’étendre en Europe. C’est la dynamique mondiale de la démocratie.
Pourquoi a-t-elle son origine en Amérique ?
C’est une société neuve, qui n’a jamais connu l’absolutisme monarchique ou les privilèges féodaux. De plus, c’est une société d’immigrants ayant fui le despotisme des rois européens, les persécutions religieuses ou la pauvreté. Certitude de pouvoir construire un monde neuf sur de nouvelles valeurs et surtout celle d’égalité.
Cette égalité des conditions, T l’appelle démocratie. Concept très polysémique. Distinguer la simple définition nominale ( le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ) et ses définitions réelles, qui sont multiples.
Démocratie directe ou représentative. Deux formes de liberté, celle des Anciens et celle des Modernes ( distinction faite par Benjamin Constant dans “ de la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes “ conférence de 1819 ). Problème de la souveraineté du peuple, absolue ou limitée. Présence ou absence de la séparation des pouvoirs etc …
T insiste lui sur l’égalité des conditions, ce qui montre que pour lui la démocratie est plus qu’un simple régime politique, c’est une véritable civilisation, comprenant la politique, le droit, les moeurs, les comportements et les idéaux.
Page 8 : deux points de vue sur la démocratisation du monde :
Ceux qui la redoutent : persistance des préjugés aristocratiques, croyance de l’impossibilité pour un peuple de se gouverner lui-même, peur que la démocratie ne conduise au chaos social et politique.
Ceux qui la jugent un processus universel et irrésistible. T fait partie de ces derniers.
T va faire une synthèse historique montrant comment en Europe même le mouvement vers la démocratie a commencé il y a plusieurs siècles.
D’abord portrait de la France féodale et monarchique :
Concentration de la propriété et du gouvernement entre peu de mains. ( Gouverner en politique, c’est indiquer la direction vers laquelle la société doit aller et exercer cette direction ).
Pouvoir héréditaire et non électif.
Pouvoir qui s’exerce par la force et la contrainte et qui ne repose pas sur le consentement de ceux qui obéissent.
Source du pouvoir : la propriété foncière, c’est-à-dire la propriété de la terre, et non le talent, l’intelligence, le travail ou le mérite. Propriété acquise d’ailleurs par la force et la conquête. Les premiers féodaux s’emparent de leur fief par la force des armes.
Puis transformation :
Avec la montée politique du clergé, qui entraîne un début d’égalité ( paradoxe ). L’Eglise ouvre ses rangs aux pauvres, leur assure une éducation et un pouvoir sur leurs ouailles. Pouvoir ecclésiastique pouvant parfois se mettre au-dessus du pouvoir des rois. Peur des rois de se faire excommunier.
Complexification sociale : apparition d’une nouvelle classe sociale, la bourgeoisie, composée des marchands, des banquiers, des magistrats des villes libres.
D’où la nécessité de lois ( fonctions : régulation des relations sociales pour échapper aux purs et simples rapports de force, trancher pacifiquement les différends entre les hommes, garantir les droits et les propriétés ). Emergence d’un nouveau pouvoir : les légistes.
Page 9
Transformations économiques :
Appauvrissement des rois et des féodaux à cause des guerres.
Enrichissement des roturiers par le commerce ( alors que les activités lucratives sont interdites aux nobles ).
Pouvoir croissant de la bourgeoisie : les banquiers prêtent aux monarques et acquièrent sur eux un pouvoir.
Développement des lumières : dans le clergé, où on traduit les auteurs grecs, pratique de la théologie et habitude de la réflexion dans les controverses théologiques.
Accession des lettrés au pouvoir : magistrats, fonctionnaires non nobles, apparition des “ intellectuels “ - ce que le XVIII° appellera “ les philosophes “, apparition des académies savantes et des cercles littéraires où se développe le goût de la connaissance et de la réflexion. L’intelligence devient une force politique et sociale : les philosophes des Lumières qui façonneront l’opinion publique.
Dépréciation de la noblesse : les titres nobiliaires peuvent s’acheter et ne sont plus liés à la naissance et à l’exercice des métiers des armes.
Rivalités noblesse/monarchie : chacune s’appuie sur le peuple pour vaincre l’autre, ce qui va affaiblir les deux en renforcer le peuple.
Formulation d’un paradoxe : les rois comme niveleurs, c’est-à-dire ayant contribué à l’apparition de l’égalité des conditions. Sous la monarchie absolue, tous les sujets y compris les nobles sont égaux dans la soumission. Et sous des monarques comme Louis XV la noblesse déchoit par ses conduites et son abandon des valeurs aristocratiques ( débauche de la cour etc ).
Importance sociale croissante de la richesse créée par le travail et le commerce ( alors que la noblesse méprisait ces activités ). Développement des sciences comme facteur de progrès de l’égalité : dans la compréhension des sciences les différences de naissance n’ont aucune importance, tous les hommes étant égaux par la possession de la raison.
Mouvement de nivellement universel.
Importance des progrès de la culture dans l’égalisation démocratique :
Bible traduite en langue vulgaire et d’abord en allemand : tous ont accès au texte religieux, peuvent le méditer et le comprendre sans passer par l’autorité des prêtres.
Diffusion progressive des lumières grâce au développement de l’imprimerie et de la diffusion des livres qui va démocratiser l’accès au savoir. À la veille de la révolution de 89, la France a le taux d’alphabétisation le plus élevé d’Europe et les simples paysans vont pouvoir participer à la rédaction des cahiers de doléances.
Page 11 : processus global de démocratisation.
Guerres qui déciment la noblesse.
Communes qui voient naître les libertés civiles ( Angleterre ). Election des magistrats qui administrent la ville. Ville comme émergence d’un lieu de résistance aux rois et aux féodaux.
Armes à feu : perte de l’importance de la chevalerie sur le champ de bataille et régression des valeurs aristocratiques.
Imprimerie : diffusion des Lumières.
Importance émancipatrice du protestantisme. Thèse de Max Weber sur l’éthique protestante et l’origine du capitalisme. Expliquer rapidement. Développement de l’exégèse biblique qui favorise le goût de la discussion et de l’esprit critique.
Découverte de l’Amérique : possibilité offerte à tous de s’enrichir, de recommencer une vie nouvelle loin des inégalités de l’ancien monde. Absence des préjugés liés à la naissance et absence des privilèges de l’ancien régime.
P 11 : formation d’une classe moyenne. Mouvement propre à l’occident. Pour le moment, ce n’est pas un mouvement historique qui touche les autres continents.
Caractère providentiel de ce processus : il est inévitable, irréversible. L’on ne reviendra plus jamais à la vieille société aristocratique.
P 12 : nous assistons à un approfondissement continu de la démocratie : bientôt, l’on ne supportera plus les inégalités propres à la société bourgeoise. Impossible de prévoir jusqu’où ira l’égalisation des conditions. Nul ne peut prédire l’avenir de la démocratie.
Tocqueville en parle comme d’un mouvement providentiel, voulu par Dieu lui-même. Croit-il à une conception providentielle de l’histoire humaine ? Difficile à dire. veut simplement montrer le caractère inévitable de la montée de la démocratie.
P 13 : possibilité que le processus démocratique échappe aux hommes et qu’ils n’aient plus le pouvoir de le diriger. Ambivalence de ce processus.
Nécessité pour les dirigeants démocratiques :
Instruire : expliquer le lien entre démocratie et instruction.
Développer la science des affaires.
Montrer quels sont les vrais intérêts du peuple = présupposé, un peuple peut se tromper sur ses intérêts, sur ce qui est bon pour lui.
Adapter la démocratie aux temps et aux lieux : conscience que la démocratie peut prendre des formes différentes selon les pays, leur histoire, leur culture, leur niveau d’instruction. La démocratie n’est pas un produit d’exportation que l’on pourrait appliquer à n’importe quel pays. Prendre l’exemple de l’Irak ou de l’Afghanistan ( Comte : tous les pays ne sont pas mûrs pour la démocratie )
Nécessité d’une science politique nouvelle afin que la démocratie ne se développe pas au hasard. Idée que la démocratie peut présenter des dangers. Ce qui sera exposé dans la suite du texte.
Pour le moment le développement de la démocratie a été laissé au hasard, les classes éclairées s’en sont détournées et elle a grandi d’une façon sauvage. Risque de l’ochlocratie en lieu et place de la démocratie.
Révolution : les excès de la démocratie, suivis de son effondrement, avec Napoléon. Donc, nécessité d’une maîtrise consciente des progrès de la démocratie.
La démocratie moderne comporte de nombreuses imperfections : elle se caractérise par une égalité des conditions, mais les moeurs ne se sont pas encore adaptés. Donc, la démocratie doit être plus qu’un simple régime politique. Il doit y avoir des moeurs démocratiques : le respect des lois quand elles sont légitimes, l’amour du bien public et de l’intérêt général - ce qui peut entraîner l’acceptation du sacrifice d’une partie de ses intérêts particuliers, par exemple, accepter de payer l’impôt. Le souci de la vie politique de la cité : les hommes ne doivent pas se sentir étranger à la vie publique, ne pas se replier sur la sphère privée de leur existence.
Suit une peinture un peu idyllique de la société d’ancien régime, qui ne comportait pas que des inconvénients : limitation du pouvoir des rois ( rendre des compte à Dieu ) L’acceptation par les serfs du pouvoir des nobles n’était pas de la servilité, parce que le pouvoir des premiers était considéré comme naturel.
P 15 : importance du & souligné.
L’ancien régime pouvait apporter stabilité politique, puissance et gloire.
Puis fin page 15, Tocqueville fait le portrait de ce que serait pour lui une démocratie idéale :
soumission à la loi que l’on se donne à soi-même ( autonomie - peuple souverain ) et respect de la loi. Dans une démocratie malade on peut mépriser la loi, fût-elle la plus légitime, on peut vouloir y échapper. Sécurité résultant du fait que chacun saurait ses droits garantis ( il faudrait se demander lesquels ) Respect raisonné du chef de l’Etat, et non adoration aveugle, comme c’est le cas dans les tyrannies.
P 16 : une bonne démocratie doit être à l’abri des deux dangers qui la menacent : la tyrannie et la licence ( expliquer ce dernier terme ).
Mobilité de la démocratie : le changement peut y être réglé et pacifique : le débat, la compétition électorale pacifique. La démocratie doit pouvoir échapper aux bouleversements brutaux.
Première allusion à la montée de la médiocrité démocratique, médiocre voulant dire moyen. Pas de grandeur, mais plus de bien-être matériel. Plus de vices et moins de crimes.
Sentiment de l’interdépendance : développement de la division sociale du travail qui fait que la vie de chacun, la satisfaction de ses besoins dépend du travail de tous les autres. Unité de l’intérêt particulier et de l’intérêt général. La prospérité remplace la grandeur. disparition des vertus aristocratiques comme l’honneur et l’amour de la gloire ( on ne connaît plus que la passion de la célébrité : la mode démocratique des people )
P 17 : maintenant va faire le portrait de la démocratie réelle, telle qu’elle s’est construite après la tourmente révolutionnaire.
Examen alors des vices, des ambiguïtés de la démocratie réelle :
Mépris des lois et de l’autorité qui risquent de ne plus être obéis que par la crainte.
Disparition des fortes individualités qui pouvaient jadis lutter contre les abus du pouvoir ( songer à Voltaire. Pourrait-on rencontrer des Voltaire aujourd’hui ? Problème de la capacité de la démocratie à produire de grandes personnalités politiques, morales ou intellectuelles ).
Concentration du pouvoir et disparition des corps intermédiaires.
Montée de l’égalité économique mais en même temps de la convoitise et de l’envie, du ressentiment. On ne peut manifester d’envie à l’égard d’une richesse dont on sait qu’on ne pourra jamais la posséder, comme c’était le cas dans la société d’ancien régime.
Risque du culte de la force.
Perversion des moeurs.
Nous sommes restés dans un monde intermédiaire : l’ancienne société a été détruite mais la démocratie légitime n’a pas encore été construite.
Conséquences sur le plan intellectuel :
Tocqueville regrette que la démocratie réelle se soit construite dans la violence révolutionnaire et non d’une façon pacifique et éclairée.
Schizophrénie morale de l’homme démocratique : ses goûts et en particulier celui de l’égalité, ne s’accordent pas à ses opinions.
Exemple du christianisme : il affirme la liberté et l’égalité des hommes, mais dans la pratique il se situe dans le camp de ceux qui combattent la démocratie. Condamnation de cette dernière par une encyclique pontificale au XIX° siècle.
D’où de l’autre côté des hommes qui aiment la liberté et qui combattent la religion. Tocqueville paraît postuler que les deux pourraient aller de paire.
Danger d’une conception simplement matérielle du progrès - c’est-à-dire centrée sur le seul souci du bien-être matériel, ce qui donnera aujourd’hui la société de consommation - séparée du souci de l’amélioration morale des hommes : l’utile sans le juste.
P 20 : portrait des contradictions de l’homme démocratique moderne.
Remarque importante à propos de la crise des valeurs impliquée par cette démocratie imparfaite : on prône l’égalité en matière de valeurs, époque de scepticisme, de l’idée de “ à chacun sa vérité “, difficulté à reconnaître ce qui est grand, le talent, le génie, tout se vaut, le rap vaut bien Mozart etc …
P 21 : raison pour se tourner vers l’Amérique : celle-ci est devenue démocratique sans avoir eu à passer par les troubles de la révolution. Unité de l’égalité, des lois, des moeurs.
Tocqueville ne voit pas l’Amérique comme un modèle à imiter : un peuple peut se donner d’autres formes de gouvernement démocratique. Important, la démocratie n’est pas un état figé mais la possibilité d’une invention perpétuelle de nouvelles formes d’organisation allant vers toujours plus de liberté et d’égalité : exemple su statut des femmes, de la reconnaissance des minorités etc …
Mais idée que l’on pouvait tirer des enseignements de la démocratie dans la mesure où il y a chez elle unité des lois et des moeurs.
Tocqueville ne propose pas de faire la portrait d’un régime idéal, ce n’est pas un utopiste. Il constate le mouvement irrésistible de la démocratie et cherche quels avantages on peut en tirer. Mais il est bien conscient de ses ambivalences : elle présente des avantages mais aussi des dangers potentiels.
P 22 : présentation du programme de l’ouvrage. Tocqueville affirme ne pas vouloir faire d’idéologie, c’est-à-dire imposer une théorie aux faits. Il est là pour étudier les faits. P 25, il se défend de faire une oeuvre partisane.
Chapitre 6 : quels sont les avantages réels que la société américaine retire du gouvernement de la démocratie.
Rappel du fait qu’il y a plusieurs formes possibles d’organisation de la démocratie. Il y a un pluralisme démocratique, et donc, sans doute d’autres voies pour atteindre ce que la démocratie américaine a de positif.
Formulation d’un paradoxe : il est plus facile de voir les défauts de la démocratie américaine que ses qualités et avantages.
Défauts : violer des droits acquis : porter préjudice au droit de propriété à travers l’impôt ? Sanctionner des droits dangereux : tendance des peuples démocratiques à demander de plus en plus de droits et en particulier créances : on passe du droit à la poursuite du bonheur au “ droit au bonheur “.
Nécessité de distinguer la finalité de la loi ( ce vers quoi elle tend, ce qu’elle cherche à établir ) et les moyens qu’elle utilise. La finalité est du côté du raisonnable, et le moyen du côté du rationnel. Le rationnel peut être mis au service du déraisonnable. On ne peut pas penser la loi seulement en terme d’efficacité ( ce serait de la technocratie ) mais de la justice ou de la liberté.
P 27 : les lois démocratiques tendent à l’intérêt général, par exemple un peuple démocratique, comme c’est lui qui détient la souveraineté, ne peut vouloir s’opprimer lui-même, mais il peut se tromper dans la façon de réaliser cette liberté.
Les lois aristocratiques visent toujours à l’intérêt particulier, mais l’aristocratie est mieux à même de faire les lois, elle est plus pondérée. Tocqueville vise l’emportement démocratique, la facilité du peuple de décider sous le coup de ses passions ou d’engouements passagers, il est peut-être plus sujet aux préjugés etc
Les lois démocratiques sont presque toujours imparfaites mais au bout du compte elles créeront une meilleure société que des lois aristocratiques. La démocratie fait des “ fautes réparables “ : elle connaît le débat généralisé, l’alternance politique, le droit de critiquer les lois imparfaites et d’en faire de meilleures.
P 29 : les gouvernants démocratiques sont souvent médiocres. Thème de la médiocrité démocratique. On n’y rencontre ni génie politique, ni grand tribun comme dans l’antiquité grecque. Moins honnêtes : pourquoi ? Risque de corruption dans la démocratie : ce ne sont pas des hommes fortunés qui accèdent au pouvoir et ils peuvent donc profiter du pouvoir pour s’enrichir.
Contrôle de ces gouvernants par le peuple. Importance du problème de l’éducation. Montrer pourquoi il serait dramatique qu’une démocratie néglige l’instruction publique.
Un mauvais gouvernant peut être chassé du pouvoir y compris en cours de mandat : l’exemple du président Nixon, qui démissionne avant d’être frappé d’une mesure d’impeachment.
Peu importe que les gouvernants n’aient pas de génie, il suffit qu’ils aient les mêmes intérêts que la majorité du peuple. Mais pas de la totalité du peuple : introduction d’un problème fondamental : la démocratie, c’est le règne de la majorité. 50% plus une voix donne le pouvoir à un candidat. Problème de la diversité des intérêts dans une démocratie. Classes sociales aux intérêts antagonistes ( thèse de Marx. Expliquer rapidement ). Or Tocqueville admet la division de la société en classes. Donner un exemple d’antagonismes d’intérêts : la loi doit-elle s’occuper de fixer les salaires, en fixant un salaire minimal, ou doit-elle réglementer le droit de licencier ? Ne pas oublier que Tocqueville est contemporain des bouleversements révolutionnaires du XIX° siècle. Révolution de 1848, apparition de la revendication de droits-créances.
Problème du grand bien du plus grand nombre. cela implique-t-il de demander des sacrifices à certains : par exemple des impôts lourds pour les plus riches afin de financer des services publics ?
Idée importante à propos de la médiocrité des gouvernants démocratiques. Même s’ils sont corrompus, ils ne peuvent être qu’à titre individuel, la corruption ne peut devenir un système de gouvernement. ( à discuter )
À l’opposé des aristocraties qui peuvent former des castes de gouvernement.
Remarque critique à propos de l’Angleterre ( Tocqueville ne partage pas l’admiration inconditionnelle de Voltaire ou de Montesquieu ) qui est une société de castes. Expliquer.
Dernier paragraphe première partie : que la qualité du gouvernement ne dépend pas de la qualité des gouvernants. Il dissocie morale et politique. La démocratie ne demande pas des hommes justes ou vertueux.
vendredi 11 juin 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer